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- La « force de l’habitude » est-elle une faiblesse professionnelle ?
La « force de l’habitude » est-elle une faiblesse professionnelle ?
Est-il judicieux pour une entreprise de se reposer sur des habitudes ?
En synthèse
- La formation d’habitudes peut être décrite comme un moyen pour le cerveau humain d’automatiser des tâches et des processus récurrents.
- Cela offre des avantages évidents en termes de temps passés, de cohérence et de prévisibilité, de disponibilité cognitive, etc.
- Toutefois, l’on entend souvent dire que nous sommes prisonniers de nos habitudes, et cela présente effectivement un risque – à moins que nous ne parvenions à contrebalancer ces habitudes au moyen d’un état d’esprit ouvert, flexible et agile.
« Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas un acte mais une habitude », disait Aristote.
Une habitude – qui peut être définie comme quelque chose que l’on fait régulièrement sans même y penser – peut être considérée comme un raccourci comportemental qui permet d’atteindre un résultat déterminé sans avoir à prendre de décisions conscientes à chaque étape du processus.
Cette capacité de notre cerveau à automatiser des opérations routinières présente des avantages évidents en termes de gain de temps, de cohérence et de prévisibilité, de disponibilité cognitive, etc. Cependant, on peut également considérer que nous sommes prisonniers de nos habitudes.
Une fois ancrées, les habitudes – bonnes ou mauvaises – peuvent s’avérer assez difficiles à éradiquer. Et, à trop s’appuyer sur des schémas établis, un manager ou une équipe peuvent se fermer des portes qui les empêcheront de réagir de manière optimale à des situations inattendues.
Voici quelques considérations sur les avantages et les inconvénients du poids des habitudes dans un contexte professionnel.
Les habitudes en tant que leviers d’efficacité
La formation d’habitudes peut être décrite comme un moyen pour le cerveau humain d’automatiser des tâches et des processus récurrents. Il s’agit de transformer un comportement en un véritable réflexe qui pourra être répété de manière invariable, voire être optimisé avec le temps et la pratique.
Être capable de reproduire les bonnes pratiques, d’appliquer des méthodes et des solutions éprouvées sans avoir à réinventer la roue, d’analyser les choses à la lumière des enseignements des expériences passées fait évidemment gagner énormément de temps et d’énergie.
D’ailleurs, ce que nous appelons l’expérience est dans une certaine mesure une question d’habitudes. Si les employés chevronnés sont généralement plus productifs que les juniors, c’est en bonne partie car ils peuvent se référer à un corpus de bonnes habitudes professionnelles qui leur permettent d’exécuter une tâche donnée plus rapidement – et souvent mieux.
Les habitudes peuvent contribuer à augmenter la productivité globale et à permettre aux collaborateurs de concentrer leur intelligence sur les sujets à forte valeur ajoutée.
D’où l’importance d’encourager le développement de bonnes habitudes au sein des équipes
Les habitudes en tant que marqueurs d’identité
Dans un contexte d’entreprise, le poids des habitudes prend encore une dimension supplémentaire. En plus des habitudes personnellement adoptées par les travailleurs au niveau individuel, des habitudes se forment au niveau des équipes, des services, et même de l’organisation.
Lorsqu’elles sont consciemment définies et encouragées, ces habitudes collectives s’apparentent à une méthodologie d’entreprise. La façon dont les collaborateurs utilisent les outils mis à leur disposition, la manière dont ils interagissent et communiquent (et notamment le vocabulaire qu’ils emploient), le modus operandi qu’ils utilisent pour accomplir leurs tâches et activités peuvent être institutionnalisées en tant qu’ « habitudes organisationnelles » afin d’améliorer la cohérence et la cohésion tout en stimulant la productivité collective.
Les habitudes que vous développez en interne deviennent partie intégrante de la vie quotidienne de l’organisation. En fin de compte, elles contribuent à définir qui vous êtes en tant qu’entreprise.
L’importance d’un état d’esprit agile
Vous fier à vos habitudes peut vous faire gagner un temps précieux et contribuer à fédérer l’organisation tout en améliorant son efficacité. Mais, revers de la médaille, les habitudes peuvent être perçues comme une forme de rigidité mentale et associées à une incapacité à accepter le changement et la nouveauté.
Il est certes important de pouvoir capitaliser sur les expériences passées pour éclairer et faciliter les décisions et les actions présentes, mais cela ne signifie pas que « la façon dont nous avons toujours fait les choses » est la meilleure. Les cadres et les équipes doivent toujours garder l’esprit ouvert à de nouvelles approches, méthodes, technologies et solutions, même si celles-ci remettent en cause leurs habitudes.
Les habitudes peuvent s’avérer particulièrement dangereuses lorsqu’elles sont appliquées au mauvais problème. Toutes les activités ne peuvent pas être procédurisées, toutes les solutions ne sont pas reproductibles et, parfois, essayer de prendre un raccourci peut complètement vous faire perdre votre chemin.
Un certain nombre de biais cognitifs peuvent nous pousser à essayer d’appliquer des habitudes à des situations et des problèmes qui nécessitent pourtant une analyse intelligente et de la réflexion créative – avec les résultats qu’on imagine.
Il est également important de tenir compte du fait que les habitudes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ont notoirement la vie dure. Les professionnels des RH et les chefs d’équipe feraient bien de garder un œil sur les habitudes et les pratiques en vigueur dans l’organisation pour éviter l’enracinement de mauvaises habitudes.
Cela signifie également que, avant de promouvoir une méthode ou une pratique, vous devez être certain de son efficacité et de sa valeur potentielles : essayer de la modifier trop radicalement une fois qu’elle aura été adoptée par vos équipes peut s’avérer compliqué.